Les pieds sur terre et des étoiles dans les yeux, Alice, 17 ans, est un condensé de charme et de détermination. Lycéenne versaillaise, elle a intégré tout récemment la prestigieuse école Rudra Béjart de Lausanne. De retour à Versailles à l’occasion de la pause estivale, elle s’est prêtée gentiment au jeu de l’interview et des photos, entre Versailles et Paris. Déjà une grande professionnelle !
Après des études à Versailles, tu as intégré l’école Rudra Béjart à Lausanne, peux-tu nous raconter ta journée de danseuse ?
Oui, je suis donc en formation à l’école-atelier Rudra – Béjart, c’est une école de danse Suisse créée par Maurice Béjart, à Lausanne.
J’y suis des cours de danse dix heures par jour, du mardi au dimanche, de 9 heures à 19 heures.
Le matin, les cours alternent entre ballet classique et cours de moderne de la technique Martha Graham. On pratique aussi le « pas de deux », sur pointes, c’est un travail de porté en duo. Nous avons également des cours de chant et percussions. Les après-midis sont consacrés aux répétitions des spectacles autour des pièces de Maurice Béjart. A la fin de la journée, nous avons même des cours de kendo !
L’année dernière nous avons aussi bénéficié de stages de théâtre. L’école a déjà proposé les années précédentes des disciplines comme l’acrobatie et la danse indienne, ce sera peut être pour cette année !
Nous avons monté cinq spectacles à Genève et près de Lausanne. Certaines années, les étudiants de l’école partent en tournée en Chine, Inde, France, Belgique. J’aimerais beaucoup partir en Inde cette année, mais nous ne savons pas encore quelles seront nos destinations !
C’est une formation sur deux ans. La première année nous nous consacrons aux cours et la deuxième année nous avons, en plus des cours, pour objectif de trouver un contrat pour entrer dans le monde professionnel. Ceux d’entre nous qui veulent intégrer le ballet Béjart doivent aussi passer une audition.
Quel a été ton parcours jusqu’ici ?
J’ai commencé l’éveil à la danse à quatre ans, à l’école de danse du Chesnay puis j’ai continué par la danse classique, de six à dix ans. Je suis ensuite entrée au ballet Artemis à Fontenay le Fleury, école privée dirigée par Sophie Ponthier. En parallèle j’ai poursuivi ma scolarité dans les Classes à Horaires Aménagés du collège Rameau à Versailles.
En quatrième j’ai intégré le Conservatoire à Rayonnement Régional de Versailles dans la classe de Corine Tristan en danse classique et j’y suis restée jusqu’à la fin de mon année de seconde où j’ai été admise à Rudra – Béjart.
Comment vois-tu la suite de ton parcours ? Quel est ton rêve ?
Après l’école, j’aimerais faire de la danse mon métier et entrer dans une compagnie professionnelle, pourquoi pas à l’étranger, en Europe ou en Amérique, du moment que je fais ce que j’aime, danser !
Pourquoi pas essayer la compagnie Martha Graham à New York. La compagnie Béjart aussi, mais il faut je pense tenter sa chance après avoir muri la pratique de la danse auprès d’autres compagnies ou d’autres styles de danse.
Ce que j’aimerais vraiment, ce serait de danser sur la scène de l’Opéra Royal de Versailles. Le ballet Béjart y passe régulièrement.
Si un jour de réussissais à fouler cette scène chargée d’histoire, alors oui, ce serait l’aboutissement de mon projet, c’est vraiment un rêve !
As-tu un souvenir, une émotion marquante à raconter ?
Oui une grande émotion, c’était mon audition pour entrer à l’école Rudra – Béjart !
C’était ma première vraie audition avec autant de monde venant des quatre coins du monde. Nous étions une centaine de filles et les auditions avaient lieu sur deux jours.
Une première sélection était faite le premier jour sur un cours collectif d’une heure. On passait beaucoup de temps à attendre car les cours s’enchainaient toute la journée pour permettre aux cent candidates de passer. Les danseuses sélectionnées devaient ensuite revenir le lendemain pour présenter une variation libre en solo devant le jury et les autres candidates, avant de répondre aux questions du jury.
Après ce deuxième passage, les finalistes avaient une heure de cours de danse moderne qui permettait de sélectionner les heureuses élues.
Pendant la longue attente des sélections puis des résultats, on pouvait entendre les élèves de l’école chanter, on se sentait déjà presque chez soi, comme dans une grande famille, mais en même temps on avait l’angoisse de l’attente des résultats, c’était une sensation très particulière et beaucoup d’émotion !
Et puis quel soulagement à l’annonce des résultats !
Quels sont tes projets à court terme ?
Je suis contente d’entrer en deuxième année après la sélection de fin de première année ! C’est l’année des auditions : j’ai profité des vacances pour trouver de jeunes ballets, des compagnies ciblées pour les jeunes danseurs entre 17 et 23 ans. Les auditions, pour certaines internationales, peuvent avoir lieu tout au long de l’année. On peut manquer l’équivalent d’un mois de cours, réparti sur l’année scolaire, pour passer les auditions.
Et puis, il y a les 25 ans de l’école cette année 2017/2018, j’espère que cela nous permettra de voyager à l’occasion des spectacles.
Y a-t-il une personnalité artistique dont tu souhaiterais nous parler ?
J’aimerais bien parler de Madame Tristan, mon professeur de danse au Conservatoire de Versailles, parce que je ne serais pas là aujourd’hui sans elle. Elle nous apprend la rigueur avec beaucoup d’humanité et de justesse. Elle nous ouvre aussi d’autres horizons que le ballet classique pur, comme lors de ce spectacle « néo-classique » que nous avons fait avec la classe de percussions il y a deux ans maintenant au Théâtre Montansier.
Elle a mené beaucoup d’entre nous vers de belles compagnies ou écoles, comme l’école Rudra – Béjart, l’école supérieure de danse de Marseille, l’Opéra de Paris…
Qu’est ce qui te plait le plus dans la pratique de la danse ?
J’aime particulièrement les sensations ressenties avant que le rideau s’ouvre. Quand on est déjà sur scène, dans le noir, on sent la présence du public derrière le rideau, alors on est submergé par cette sensation extraordinaire qu’est l’adrénaline, un mélange de joie, d’excitation et d’anxiété. Puis le rideau s’ouvre, les projecteurs s’allument, et on est porté par les lumières et l’énergie du public.
Ce qui me plait, ce qui me fait plus aimer chaque jour la danse classique, c’est ce partage avec le public, même si c’est indirect : on prend plaisir à donner au public. Mon professeur de danse moderne nous dit qu’on est là pour divertir le public, mais en même temps on transmet ce qu’on aime, et c’est ce que je trouve beau dans l’art, c’est le fait de partager quelque chose avec quelqu’un qu’on ne connait pas, qu’on n’a jamais rencontré, on est réunis un peu le temps d’un spectacle.
Pour en savoir plus sur les noms ou écoles citées par Alice :
Ecole Rudra-Béjart : http://www.bejart-rudra.ch
CRR de Versailles : https://crr.versaillesgrandparc.fr/le-crr/
Le ballet Artemis à Fontenay le Fleury : https://www.ballets-artemis.com
Interview et crédits photos : Karine Péron Le Ouay
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1 commentaire
Mes félicitations pour ce très joli blog. Une belle mise en page m’a donné envie de le lire
L article sur le parcours d’Alice Bouchard est touchant.
Annie