Rencontre avec Marine Allard, artiste peintre touchante et sincère, installée depuis peu dans la cour Duplessis où elle propose un atelier d’ « expression créatrice » pour enfants, adolescents et adultes. Marine se partage entre cet atelier Versaillais et son atelier à Louveciennes, où j’ai eu le plaisir d’être invitée à partager un peu de son univers.
Pouvez-vous nous parler de votre activité ?
Je suis artiste peintre et sculpteur. D’un point de vue purement technique, je prépare mes peintures avec des pigments et de l’huile de lin puis je peins au couteau.
Je participe à un collectif d’artistes mené avec beaucoup de passion et d’intelligence par Olivier Wahl à Paris. En partant de notre expérience propre, nous abordons les questions sur la posture de l’artiste et sur ce qui se joue dans une exposition. Sa galerie laboratoire est un lieu de rencontre, d’expériences et de réflexions sur l’art et sa raison d’être. C’est pour moi essentiel de sonner du sens à ce que l’on fait, de se savoir accompagnée et soutenue dans cette aventure artistique.
Quel est votre parcours ?
De formation très classique, restauratrice de tableaux, j’ai été en parallèle pendant de nombreuses années élève de Cella Voinescu Siegfried, philosophe et peintre roumaine. Mais ce n’est qu’en 2007 que j’ai enfin pu me consacrer totalement à la peinture. J’ai part la suite travaillé également la terre.
Enfin, j’ai suivi une formation en expression créatrice plastique aux pinceaux au Centre de Formation en art-thérapie à Paris Atepp-Cefat.
Avez-vous une émotion, un souvenir à partager ?
Pas une, mais beaucoup d’émotions et de souvenirs marquants. L’art a cette qualité de nous connecter à nous-même, de nous rendre réceptif à ce qui nous entoure.
J’ai notamment un souvenir fort concernant ma première visite chez José Hinojo, un artiste exceptionnel, qui vit en Andalousie. Tout matériau qui passe entre ses mains est propice à la transformation en œuvre d’art. J’aime en particulier ses sculptures : du carton ondulé de récupération qu’il découpe, enroule, plie, superpose, colle, déchire, réhausse de quelques traits noirs pour marquer un visage, une main. Un cœur rouge découpé dans une canette de coca s’envole au bout d’un fil de fer rouillé du couple enlacé. Et voilà la poésie et l’amour évoqués avec presque rien. Il m’inspire beaucoup dans mon travail et ma démarche artistique.
Quelle est votre actualité ?
J’ai un atelier chez moi, à Louveciennes, mais depuis quelques mois je suis installée à Versailles, dans la cour de l’Impasse Duplessis. J’ai ouvert un lieu d’expression créatrice, « Le petit atelier de Re-création ». Un lieu que je souhaite ludique et poétique pour qu’enfants, ados et adultes puissent trouver leur liberté d’expression.

L’Atelier de l’Impasse Duplessis à Versailles
A partir de la matière, que ce soit peinture, terre, carton, papier, l’expression créatrice plastique permet d’aller à la rencontre de soi et des autres. Les séances se font en deux temps : un temps de création pour explorer, puis en seconde partie des échanges pour communiquer l’expérience vécue. Cela renforce la confiance en soi au sein d’un petit groupe de cinq personnes.
Pas besoin de savoir dessiner, pas de modèle ou de thème imposé, juste le matériau à découvrir.
J’avais envie de partager ce que je vis en tant qu’artiste, en créant et en exposant.
Je présente aussi ces ateliers comme une parenthèse de bien-être, un temps pour reprendre son souffle.
Les ateliers sont hebdomadaires : le mercredi pour les enfants et adolescents et le lundi pour les adultes. D’autres ateliers sont mensuels, comme l’activité parent / enfant pour les plus petits.
Y a-t-il un artiste dont vous aimeriez nous parler ?
Je pense à Eva Klötgen, artiste peintre à Louveciennes et amie de longue date. Chose rare, elle manie avec dextérité et beaucoup de poésie le pastel sur grands formats en faisant éclater les couleurs dans des mouvements oniriques.
Nous sommes extrêmement différentes dans notre approche artistique.
Qu’est ce qui vous anime aujourd’hui ?
Il y a dans mon parcours des années de relation auprès des plus fragiles. D’ailleurs cette relation se trouve au cœur de mon travail de peinture et de sculpteur. Il est essentiellement orienté sur notre humanité et sa fragilité. J’aime susciter des émotions chez celui qui regarde, l’ouvrir à l’altérité. Ma dernière exposition se passait en juin dans le noir. Une lampe torche à la main, vous partiez à la rencontre des œuvres « à ras de terre ».
Je renvoie cette question à vos lecteurs : et vous, qu’est ce qui vous anime ?
Pour en savoir plus sur les ateliers de Marine Allard :
http://lepetitatelierderecreation.fr
Facebook : Le Petit Atelier de Re-création
Facebook : Tableaux Marine Allard
Les liens vers les artistes cités :
Eva Kloetgen, artiste peintre : www.evakloetgen.com
Collectif d’artistes Olivier Wahl : www.groupement-intensite.com
José Hinojo : http://www.josehinojo.es/index.php?l=3