Inauguré le 18 novembre 1777 en présence de Louis XVI et Marie-Antoinette, Le théâtre Montansier célèbre avec panache son 240ème anniversaire cette année à travers de nombreuses propositions retraçant l’histoire du théâtre. Visites insolites, exposition aux archives municipales, conférences… Pour rendre cet événement encore plus vivant et festif, le spectacle « La Guerre des théâtres » invite le spectateur à un voyage au temps de Marie-Antoinette : décor historique, lumières comme à l’époque, machinerie manuelle, instruments baroques… Visite en coulisses et en répétition.
Le Théâtre Montansier est l’un des rares théâtres français disposant encore d’une machinerie manuelle, tout comme le Théâtre de la Reine, et surtout les machinistes savent la faire revivre ! Celle-ci, construite par Pierre Boullet (1740-1804), premier machiniste du roi, permet au public de découvrir le décor de « la forêt de Trianon », prêté par le Théâtre de la Reine à Trianon. C’est dans ces conditions uniques qu’est actuellement présenté l’opéra-comique « La Guerre des théâtres ».

Détails du décor de « la forêt de Trianon » peint en 1836 par Cicéri
Le décor utilisé appartient aux collections du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Il a été peint en 1836 par Cicéri, dans le même esprit que celui des décors que Marie-Antoinette utilisait sur son théâtre. Les châssis sont plantés en dégradé et peuvent être dégagés pour laisser la place à la toile de fond représentant la porte Saint Antoine du parc du château de Versailles.
Le décor est complété par le fond de nuages de la gloire dessiné à la fin du 18ème siècle par Pierre Boullet et réalisé en 2016 par les machinistes du théâtre de la Reine et Antoine Fontaine, peintre-décorateur.

Vue sur la salle depuis la scène avec les châssis du décor de Cicéri
Bien heureusement, les spectateurs pourront profiter des représentations en étant assis, car il faut s’imaginer qu’en 1777 il n’y avait en effet pas d’électricité et le public se tenait debout à l’orchestre. Seuls les balcons permettaient de s’asseoir. 1200 personnes pouvaient ainsi assister aux représentations alors qu’aujourd’hui le théâtre fait entrer environ 550 personnes.
Geneviève Dichamp, co-directrice du théâtre, se plait à nous rapporter les conditions dans lesquelles le public du 18ème siècle se trouvait : les spectateurs étaient serrés sous un lustre équipé de chandelles, de débris végétaux et de graisses de porc, dégageant certainement une odeur importante ! Quant au public, il était beaucoup plus agité et bruyant !

Pas de projecteur mais des ampoules placées derrière les châssis du décor reproduisent l’effet des bougies du 18ème siècle.
Le spectacle relate l’histoire vraie de l’opposition de la Comédie Française et de l’Opéra contre le théâtre de foire puisque pour préserver leur monopole et leur public, ces prestigieuses institutions interdisent au théâtre de foire d’utiliser la parole. Celui-ci va donc développer toutes sortes de subterfuges pour continuer à exercer son art face à l’Opéra et la Comédie Française : pantomime, marionnettes, écriteaux, chant… ainsi naitra l’Opéra Comique.
On retrouve les personnages d’Arlequin, Colombine, Pierrot, Polichinelle et La Matrone dans cette mise en scène de Jean-Philippe Desrousseaux d’après « La Matrone d’Ephèse » (1714) de Louis Fuzelier (1674 – 1752).
Les musiques de Jean-Baptiste Lully, Marin Marais et Jean-Philippe Rameau sont interprétées par les musiciens de la Clique des Lunaisiens. On peut ainsi profiter d’instruments baroques tels que le flageolet, la viole de gambe, le théorbe, le luth ou le clavecin.
Le théâtre se sert donc de la machinerie telle qu’elle fonctionnait. Seule différence, le fer à la place du bois d’origine.
La plupart des passerelles sont encore manuelles. Les toiles du décor y sont accrochées, ainsi que des pendrillons, ces rideaux de petite largeur permettant aux comédiens de faire les entrées et sorties de la scène sans être vus du public.
Exceptionnellement conservées, la forme d’ensemble du théâtre et les couleurs sont restituées comme à l’origine, notamment grâce à une importante opération de restauration effectuée en 1992.
La forme arrondie dite « à l’italienne » – innovation à l’époque – permettait une visibilité beaucoup plus agréable. Marie-Antoinette et Louis XVI s’installaient dans les loges à Jardin et avaient la possibilité de s’y rendre directement depuis le château par un passage en bois leur permettant d’être à l’abri des intempéries et des regards. Car la particularité du théâtre versaillais est aussi d’être à mi-chemin entre ville et château : il est le seul théâtre du 18ème siècle à accueillir la population et la cour, à la différence de l’Opéra Royal qui n’accueillait que la cour, et du petit théâtre de la Reine qui n’accueillait que des très proches de Marie Antoinette. L’accès au Montansier se faisait depuis la rue des réservoirs pour les bourgeois de la ville et par les jardins, en face du bassin de Neptune, pour la cour.
A noter que le théâtre n’a été nommé « Montansier » qu’au cours du 20ème siècle. Auparavant, il a pu s’appeler « La comédie de Versailles », « le petit théâtre de Versailles », ou encore « le grand théâtre de Versailles ».

Le théâtre Montansier vu à travers les découpes du décor de la forêt.
La Visite Insolite, proposée également à l’occasion du 240ème anniversaire, permet d’en savoir plus sur les coulisses et la machinerie.

Les passerelles empruntées par les techniciens au dessus de la scène pour manipuler les éléments de décor

Geneviève Dichamp raconte la vie du théâtre lors d’une des visites insolites
Des dessous de scène aux passerelles situées au dessus de la scène, en passant par les loges, Geneviève Dichamp mène la visite en retraçant l’histoire du théâtre, agrémentée de quelques anecdotes. On découvre également dans les étages une salle aux dimensions de la scène dédiée aux répétitions et aux cours d’art dramatique du conservatoire. Le théâtre municipal est en effet toujours un théâtre-école, dans la lignée de Marcelle Tassencourt, directrice de 1960 à 1992, ayant formé nombre de comédiens actuels comme Denis Podalydès, Elsa Zylberstein, mais également François de Mazières, maire de Versailles.
En fil rouge de ce programme général de célébrations, les Archives communales proposent une exposition jusqu’au 2 décembre, retraçant l’histoire du théâtre, de l’époque de « la Montansier » à Marcelle Tassencourt.
On y découvre 180 documents issus des collections de la ville, comme cet arrêté municipal dans les années 1900, demandant aux femmes d’éviter de porter des chapeaux volumineux pouvant cacher la vue du spectateur.
Des coulisses à la scène dans les conditions du 18ème siècle, des conférences aux redécouvertes d’archives, l’histoire du Montansier, symbole vivant de la place qu’occupe encore le théâtre à Versailles, n’aura jamais été aussi proche.

Lustre et plafond du théâtre Montansier
Pour en savoir plus sur les programmations du théâtre célébrant le 240ème anniversaire :
Opéra-comique « La Guerre des théâtres » : samedi 18, dimanche 19, mardi 21, mercredi 22, jeudi 23, vendredi 24 et samedi 25 novembre 2017 à 20h30 puis dimanche 26 novembre à 15h. Durée : 1h30
Co-production Opéra-Comique et Centre de Musique Baroque de Versailles.
Visite Insolite du théâtre : lundi 20 novembre à 19h et samedi 25 novembre à 15h30, sur réservation.
Table-ronde « Entendre et voir : une Histoire sensible du théâtre (XVIIIème-XXème siècle), lundi 20 novembre à 20h, entrée libre
Exposition aux Archives communales de Versailles, 1 avenue de Paris : « Le Montansier, un théâtre pour Versailles », du mardi au samedi de 14h à 18h jusqu’au 2 décembre 2017. Entrée libre.
Renseignements et réservations : Théâtre Montansier 01 39 20 16 00, www.theatremontansier.com
Crédits photos : Karine Péron Le Ouay
Texte et Crédits photos : Karine Péron Le Ouay
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